Etape 30 - 2ème partie - Le Cap Nord - km 2,680
De Honningsvåg à Skarsvåg
Je profite du WIFI à bord du Midnastol pour mettre à jour le blog de la première partie de la journée. On m'a dit que dans l'euphorie, je l' ai publié 12 fois. Mieux vaut 12 que jamais.
On débarque à midi à Honningsvåg, sous la pluie. Enfin elle se présente, l'étape exécrable , avec tous ses ingrédients : la pluie, le vent violent tantôt favorable tantôt contraire, les raidillons à 9%, la faim qui pointe son nez. Au bout de quelques kms, on est trempé, on a atteint le point de non retour, c'est la fuite en avant : ça passe ou ça casse. On sait qu'il reste moins de 25 kms jusqu'au camping, il fait une température presque agréable de 12 degrés, on est en fin d'étape et en fin de rando, psychologiquement c'est bon. On trouve même un malin plaisir à terminer sur cette note, qui laissera un agréable parfum humide à notre souvenir.
On s'installe de façon rudimentaire dans notre camping, et on avise. Il reste 13 kms pour le Cap Nord, on dispose de 36 heures pour aller sur le site, et si on ne peut pas se l'offrir au jourd'hui, on attendra patiemment que le Cap Nord s'offre à nous. On va donc surveiller le temps, faire des tours de garde et dès qu'on trouvera un moment favorable - à n'importe quelle heure - sauter sur nos vélos et mettre un point à la fin de l'histoire..
De Skarsvåg au Cap Nord
L'après midi se déroule au camping : d'abord organiser le sèchage dans notre mini hytter, puis douches (je me fais avoir car dès que je mets le shampoing, l'eau chaude est coupée et je n'ai plus de pièces pour la faire fonctionner), lavage, café, tour de France, Wimbledon avec la victoire de Murray, tarot, repas (le camping est rudimentaire, mais dispose d'un petit restaurant), cartes postales. On sympathise avec la gérante (elle nous apprend qu'elle est née ici, il faut le faire !), elle s'occupe de notre météo. Vers 20 heures, des lueurs commencent à percer le ciel, elle donne un coup de téléphone magique et nous annonce qu'on va disposer d'un créneau de soleil de 23h à 1h, c'est ce soir ou jamais. A 22h05, on est sur les vélos, on parcourt les 13 kms restants appareil photo à la main, le soleil est sorti de sa cage. C'est génial, énorme, la température est à 11 degrés, le vent du sud nous pousse, ça monte fort mais on maîtrise (400 mètres à l'aller, 200 au retour), on rattrape un cyclo roumain encore plus chargé que tous ceux qu'on a déjà rencontrés, on se fait doubler par quelques dizaines de cars, on croise quelques groupes de rennes, on sent qu'ils sont dans leur milieu.
Tout à coup les falaises prennent forme au loin, le soleil nous aveugle (vue l'heure tardive, j'ai volontairement - à tort - omis de prendre les lunettes de soleil), encore haut mais bien bas, il nous fait des ombres géantes. J'envoie en vitesse un SMS, un premier cliché, c'est déjà too much. A 23 heures pile, au km 2,667 de notre voyage, on pénètre dans le site, avec plein de choses dans la tête. On se regroupe tous les trois, 'tape dans la main c'est gagné', on prend le temps de bien s' habiller en enfilant les gants de ski de fond qu'on n'aura pas emportés pour rien, on trouve un couple français pour nous prendre en photo au pied du globe, on passe devant tout le monde avec nos vélos comme si nos vélos nous en donnaient le droit.
Instants d'émotion, partagés au téléphone avec nos épouses. Puis c'est le quart d'heure Champagne, le bouchon saute dans la falaise, les 200 ml offerts par Hilde et Glenn ont le goût du champagne qu'on déguste juste après l'effort . Alors seulement on se pose et tranquillement on regarde, ce soleil bien vivant - contrairement à ce qu'on nous a enseigné, le soleil ne se couche pas à l'ouest. On se donne encore le temps pour une dernière lecture au soleil, puis la fin de la soirée se déroule au chaud, à l'intérieur du bâtiment oú l'on trouve tous les souvenirs officiels du cap nord, mais aussi quelques expositions à thème, parmi lesquelles une petite chapelle, la plus septentrionale au monde.
Lorsque à 1 heure on quitte le site, la tête noyée de superlatifs, un arc en ciel s'élève au sud, une pluie légère fait son apparition, les nuages commencent à fermer le voile ... et on ose le dire : "derrière nous, le rideau est tombé...."
On l'aura eu, notre tour de cadran, que l'on peut résumer en 4 chiffres : lever 3h30, coucher 2h, pédalés 140 kms, montés 1,700 mètres.
Hier, on chantait "Pédaler pour se trouver", on va pouvoir terminer sur "Pédaler pour se retrouver" (un lien a été établi dans ce blog pour écouter cette musique - voir dans la colonne de droite).
Le lendemain, le vent s'est levé, plus violent que violent. Vers 17h, on fait une tentative pour y retourner. On tient 1km, on fait demi tour, il avait raison le cyclo qui nous avait dit "au Cap Nord, je vous souhaite la pluie, plutôt que le vent. Par grand vent, c'est pas possible". Le surlendemain, le vent est clément et nous laisse remonter là haut faire nos adieux. On peut vraiment chanter 'Cap Nord, c'est fini '.
En arrivant sur Honningsvåg, on retrouve Anton le Roumain de l'avant veille. En errance avec son vélo et sa carriole depuis 3 ans, il gagne sa croûte avec son harmonica et son costume folklorique, et de temps en temps, une aide des communautés roumaines locales. Il a trouvé la Norvège difficile car dispendieuse, il préfère la France oú on boit tous les jours son coup de vin rouge.
De nombreuses photos à publier, mais ça va prendre du temps. Soyez patients, nous, on a attendu 30 jours.
Ne ratez pas l'épilogue qui sera publié, si WIFI le veut bien, mercredi matin 10 juillet avant 9 heures.
La route des géants.
On arrive...
Champagne !!!
Sur nous, le rideau est tombé.
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F91%2F33%2F1105136%2F116476697_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F31%2F55%2F1105136%2F116467548_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F09%2F05%2F1105136%2F116448559_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F99%2F05%2F1105136%2F116432312_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fprofilepics.canalblog.com%2Fprofilepics%2F1%2F0%2F1018884.jpg)