Lundi 22 mai. Oslo - Jevnaker. Km 2,165

Journée chargée d'émotions, dans la série" tout est bien qui finit bien.".

Départ matinal peu après 7 heures, avec l'objectif de trouver un bike shop pour changer les freins et la chaîne. L'étape est courte, je veux en profiter pour faire ce dernier check up.

Euphorique au départ,  bonne température, pas de vent,  belle route... je pense arriver à l'ouverture des magasins.

Et puis ça se gâte, au point de se demander s'il n'y a pas une gigiterie dans l'air. Au dixième km, la belle route cesse d'être une belle route. Le gars du camping m'avait bien dit qu'il n 'y avait pas de route du côté où je partais, mais je ne le croyais pas car Google Map m'avait préparé l'itinéraire. Je n'ai pas de carte de la région bien sûr  (mais dès demain soir, j'ai toutes les cartes jusqu'au Cap Nord), et de toute façon,  ce qu'il m'aurait fallu, ce sont les cartes des sentiers de randonneurs ou des pistes de ski de fond.

Je m'enfonce dans un chemin un peu cabossé, et au bout de 1 km, mon Google me dit que j'aurais dû prendre un autre chemin encore plus cabossé. Demi tour,  1ère erreur.

Chance, un homme d'affaire en fin de week end dans sa hytter secondaire rouge est en train de charger sa voiture pour partir à l'aéroport. On a 2 minutes pour échanger. Ma destination le surprend "c'est certainement possible, c'est bien la direction du nord, mais je ne vois pas de chemin jusqu'au bout". Il me déconseille l'autre chemin - celui  proposé par Google - "it's going to be very rocky", mais ne me rassure pas sur le premier qu'il ne connaît pas.

Moment de solitude, suivi d'un instant d'hésitation,  puis une décision : je vais faire confiance à Google.

La suite est gigitesque. Je progresse dans une solitude absolue, sans croiser personne. Pas même Bjørdalen. Parfois une cabane close, la saison ne va démarrer que ce jeudi avec l'Ascension. Avec un VTT, je n'aurais peut être pas mis pied à terre. Mais  avec les successions de rocky, boueux, sablonneux,  herbeux, grimpeux, neigeux,  sans oublier les carrefours hasardeux, je fais de mon mieux. Je sais que j'ai le temps, j'ai des sandwichs, de l'eau, et les jambes.  Le soleil brille et donne l'orientation. Je suis dans la peau de Bjørdallen qui a dû passer des heures d'entraînement sur ces chemins.

Question : Puis je faire confiance à Google qui me trimbale sur des pistes de ski assez bien fléchées, mais ne reconnaît aucun des noms qui figurent sur les panneaux ? 

Réponse ce soir.

Je sais que j'ai une trentaine de kms à parcourir dans cet espace sauvage inconnu, au pire ça va prendre 6 heures.

A une condition : que la batterie de mon smart phone tienne le coup... sinon je risque de me trouver vraiment au milieu de nulle part.

Sans jouer au petit poucet, je prends quelques précautions : recopier sur papier l'itinéraire proposé par Google,  et économiser la batterie en réduisant mes contrôles.  Ça qui va me coûter 10 kms - 2ème erreur.

Un point positif : l'itinéraire est superbe.  Une belle introduction à la Norvège, ses lacs en plein dégel, ses forêts, ses cabanes, c'est  la réplique du lac de Christian dans les Laurentides.

Je me demande d'ailleurs parfois si Christian ne va pas sortir tout d'un coup d'un lac comme dans mon livre de chevet   'les Chaussures Italiennes'.

Quel contraste avec le Danemark, tout plat. Peut être que dans quelques milliards d'années,  à force de se faire éroder ses montagnes, la Norvège sera plate et le Danemark aura de hautes montagnes de sable ?

Peu avant l'arrivée, je m'offre un dernier détour de 10 kms par Honefoss. Histoire de doubler la chance de trouver un bike shop.... qui se trouve juste à l'entrée de la ville, après le pont. 

Ma tenue et mon paquetage font le reste : mon vélo est immédiatement envoyé à l'atelier pour remise en état.

Le 1er bike shop répare les freins, le second la chaîne et la cassette (si tu changes la chaîne,  tu changes la cassette) - ça m'a coûté une dent, je passe de 29 à 28 dents sur la plaque d'égout.  Peut être il fallait chercher le 3ème bike shop à Jevnaker?

Finalement, ça porte l'étape de 55 à 78 kms, bouclés à une moyenne avouable de 16 km/h. Avec 950 mètres de dénivelé. 

Où est le problème? 

Comments

[gigi]

ah google ! tu te rappelles le premier tunnel après Oslo il y a 3 ans , Christian avait vu sur google une route qui permettait d'éviter le tunnel interdit aux cyclistes...las, il n'y avait pas de route...très mauvais souvenir que ce tunnel;

bon, à te lire Jack, je constate que le mot gigiterie est passé dans ton vocabulaire courant; je plaide non-coupable pour tout ce qui t'arrive, dac ?

[Loopingloo]

Les astres hier devaient être coordonnés désastreux... notre journée fut autant sinueuse et on peut parler de 16km/h de moyenne..

Il y a des jours comme ça...

Bon départ avec une dent en moins, que ce ne soit pas celle de la sagesse..!!

[elisabethbets]

C'était sûrement très beau à regarder, mais ouf c'est passé et tu vas dormir en entendant l'ours affamé qui surgit de son hibernation !!!!

...L'expérience instruit toujours, mais elle ne profite que pour l'espace qu'on a devant soi...JJRousseau

[MHR]

Coucou Jacques,

Et as-tu trouvé les cartes???

A moins que les itinéraires Google ne te conviennent parfaitement!!!...

Bonne route en solitaire alors